Plombier-Chauffagiste, un métier méconnu
Le métier de plombier-chauffagiste est peut-être le métier du Bâtiment le moins bien connu. Pourtant son histoire est fascinante puisque ces techniciens nous permettent de vivre dans des habitations fonctionnelles, confortables et tendances.
En effet, si chaque technicien pratique les deux métiers, ils sont, en général, des spécialistes dans chacun dans leurs domaines.
La peur de la pénurie des énergies fossiles rend les industriels créatifs depuis le choc pétrolier de 1973. Ainsi, l’écologie et l’économie sont des mobiles incontestables pour les chercheurs qui font évoluer les machines installées grâce à des technologies de pointe. Les énergies renouvelables (solaires, éoliennes, et géothermiques) qui sont à la mode aujourd’hui, sont presque déjà dépassées quand elles sont utilisées seules. Pour plus de performance, la capacité des fabricants à les associer les unes aux autres, est colossale.
Les installations thermiques et frigoriques…
Ce sont peut-être celles qui ont le plus bénéficié de la recherche de pointe. Si à une époque le seul système de chauffage était le bois, aujourd’hui les sources de chauffages sont multiples. Les machines de certains fabricants, comme Viessmann, sont si performantes qu’elles arrivent même à produire leur propre énergie.
L’évolution de l’économie et des habitudes de vie ont bouleversé ce métier. Régie par des multitudes de contraintes (réglementaires, chimiques, physiques, écologiques et économiques), la science a permis une vraie mutation des installations thermiques et frigoriques.
La domotique par exemple, permet aujourd’hui de gérer le système de chauffage ailleurs qu’à son domicile, voire de l’étranger, avec son Android. Une simple connexion Wifi pour le consommateur est nécessaire. Allumer son chauffage du Japon pour que la maison soit chaude à son arrivée et à la température souhaitée à une heure très précise, est tout à fait possible. Tout comme choisir de faire installer un système pouvant chauffer l’hiver et rafraîchir la maison l’été. D’ailleurs, les interventions sur ces machines issues de la nouvelle technologie sont maintenant faites par un technicien chauffagiste ou frigoriste qui gère et répare son parc de machines de son ordinateur pour les réglages. Parfois, un déplacement est nécessaire pour les entretiens annuels et le remplacement des pièces.
L’évolution de ce métier est telle qu’en-dessous d’un BP (niveau IV) Monteur en installations du Génie Climatique et sanitaire ou d’un BTS en maintenance des systèmes énergétiques et fluidiques, qu’il est difficile de répondre à l’entretien d’un parc de machines récentes ou âgées d’une vingtaine d’années. L’expérience est indispensable, en plus de la connaissance. Il n’est pas rare que les interventions demandent plusieurs techniciens sur un même dispositif, selon leurs spécialités.
Les consommateurs ont du mal à imaginer une telle amplitude pour des métiers qui ont été sous-estimés bien souvent. La plupart des utilisateurs ignorent qu’aujourd’hui ces professions requièrent jusqu’à 6 années d’apprentissage, ainsi qu’une formation annuelle accrue pour un technicien expérimenté.
Les prix des installations et des interventions s’en ressentent forcément : plus de technicité, plus de compétences pour des matériels de hautes performances énergétiques.
Les habitudes de travail et de gestion des entreprises du Bâtiment ont donc tout naturellement évolué.
Les installations sanitaires…
Les aménagements dans les habitations sont de plus en plus orientés vers le confort, l’écologie, l’économie et la décoration.
Il est vrai que les nouvelles conditions de vie ont changé les habitudes des consommateurs, et de ce fait, celles des artisans. L’aménagement des volumes dans les espaces d’habitations devient essentiel pour une population qui ne rajeunit pas et/ou qui a des problèmes de mobilité.
Les cuisines, salles d’eau et salles de bains se veulent synonymes d’une bonne condition sociale. Pièces de luxe, l’installation sanitaire devient l’apparat d’un signe extérieur de richesse.
Les fabricants produisent des matériels issus de la recherche là encore, mais aussi adaptés à une écologie principalement liée à l’économie de la consommation d’eau.
Des entreprises fabriquent des robinetteries de moyenne et haut de gamme (nouvelles normes), qui garantissent moins de consommation d’eau, et qui permettent également une économie de la production d’eau chaude et, par extension, de gaz.
Un peu d’histoire…
Mais ce que nous ne connaissons pas aujourd’hui, c’est l’histoire de ces deux métiers.
Les plombiers étaient ceux qui travaillaient le plomb des gouttières et des terrasses, puis avec l’avancée de la technologie, des conduites d’eau. Du moyen-âge au XIXème siècle, les plombiers sont répertoriés en 3 catégories : les plombiers qui travaillent le plomb, les fontainiers qui travaillent sur les conduites et les réseaux d’eau, et les pompiers qui étaient eux des spécialistes des pompes pour la circulation des eaux.
C’est en 1548 qu’Henri III dissocie les statuts des plombiers de la corporation des couvreurs.
Les plombiers ne travaillent que le plomb, que ce soit la façon des ouvrages sur les toitures (terrasses, gouttières, épis, paratonnerres, décorations) ou des canalisations.
Au XVIIème siècle, les plombiers délaissent peu à peu les toits pour ne conserver que la gestion des conduites d’eau. En 1648, le plomb est devenu tellement rare et cher que les vols sont fréquents. Une loi promulgue l’obligation pour les blocs de plomb d’être frappés par la marque du plombier.
Les plombiers deviennent plombiers-zingueurs quand le baron Haussmann impose le zinc en 1853 quand il rénove Paris.
Au XIXème siècle, les éclairages des voiries avec des becs de gaz étaient reliés à de gigantesques réservoirs. Ils étaient alimentés par des milliers de kilomètres de tuyauteries et de canalisations. C’est l’émergence d’un nouveau métier : les plombiers-chauffagistes.
Pourtant le chauffage existe depuis l’Antiquité. Les Grecs étaient les géniaux inventeurs du chauffage central pour les thermes et les villas luxueuses, système perfectionné par les Romains. L’hypocauste était une installation complexe qui permettait tout de même d’atteindre les 30 degrés dans une pièce. Le peuple, quant à lui, bénéficiait de braseros pour se chauffer.
Mais c’est lors de l’invasion de la France par les Romains que nous découvrons les cheminées.
Au IXème siècle apparaissent les poêles, de l’Alsace à la Russie. Puis, au XIIème siècle ce sont les cheminées décoratives ainsi que les poêles en céramique et en faïence réservés exclusivement aux classes les plus favorisées. Ils évolueront jusqu’au XIXème siècle. Pour le commun des mortels, le chauffage était un brasero constitué d’un simple pot en terre cuite dans lequel étaient mises des braises pour chauffer une pièce.
Au XIXème siècle lors de la révolution industrielle, l’entreprise Godin invente le poêle en fonte qui diffuse mieux la chaleur. Ils sont utilisés avec du charbon pour chauffer l’air, mais aussi l’eau et la vapeur. En 1877 à Paris, la vapeur sera remplacée par la production d’eau chaude et c’est la firme Chappée qui commercialise ce système dès 1900.
Le XXème siècle, c’est l’âge d’or du chauffage central avec production d’eau chaude :
- 1930: utilisation du chauffage central et de l’eau chaude pour les sanitaires.
- 1950 : apparition des chaudières fioul et gaz.
- 1971: naissance du chauffage électrique.
Le XXIème siècle, c’est la course à la performance avec une régulation toujours plus efficace pour permettre une meilleure gestion de la température ambiante intérieure.
Les nouvelles machines qui arrivent sur le marché sont des bijoux de technologie qui demandent de plus en plus de compétences.
Alors, le saviez-vous ?
8 réflexions sur « Plombier-Chauffagiste, un métier méconnu »
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Merci pour ce billet Adelaide, c’est un plaisir d’entendre parler de notre métier avec tant de ferveur.
Notre métier a effectivement une histoire complexe et souvent méconnue !
Avec plaisir JMC. Merci infiniment de votre commentaire qui me touche beaucoup.
Vous exercez un beau métier, qui demande beaucoup de compétences. Il est effectivement méconnu (d’où le billet).
Chaque technicien devrait en être fier…
Ravis de lire des vrais articles sur des vrais sujet à bas les facke news
Vous avez raison cher Plombier ! C’est lorsque nous n’avons plus de chauffage, d’eau, ou besoin de faire appel à vous que nous nous rendons compte de l’importance de votre profession. A venir à la rentrée, d’autres beaux métiers du Bâtiment ! A bientôt au détours d’un billet sur le blog ! 😉
Bonne idée d’avoir retracé le rôle du plombier chauffagiste à travers les âges ! Effectivement, on n’a pas attendu l’invention du tuyau de cuivre et l’ère industrielle pour avoir besoin de se chauffer !
Merci beaucoup ! Effectivement lorsque j’ai découvert ce métier dans sa réalité, j’ai estimé nécessaire de le présenter le mieux possible. Encore merci pour ce joli compliment.
Nous sommes en 2024 et cet article reste pertinent, même sept ans après sa publication. Il est fréquent de sous-estimer le coût d’intervention d’un plombier jusqu’à ce qu’une urgence survienne. On aime croire que l’on peut tout gérer soi-même, mais le temps nécessaire à l’apprentissage ne s’achète pas dans les rayons d’une grande surface de bricolage.
Je vous remercie pour le temps que vous avez pris pour me laisser ce commentaire qui me touche beaucoup. Non, seulement vous pratiquez un incroyablement job mais qui demande un investissement et des connaissances très spécifiques ! Vous avez aussi raison lorsque vous abordez le sujet de la formation. Bravo à vous et continuez à exercer ce beau métier vital pour toute la population !